Et soudain, la liberté
Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées.
En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les
infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son
haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement
pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie.
À Nouméa, les journées sont rythmées par la monotonie, le
racisme ordinaire et les baignades dans le lagon. Lucie grandit ; Mona
bovaryse. Jusqu'au jour où elle lit Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir.
C'est la naissance d'une conscience, le début de la liberté.
De retour en France, divorcée et indépendante, Mona entraîne
sa fille dans ses combats féministes : droit à l'avortement et à la libération
sexuelle, égalité entre les hommes et les femmes. À cela s'ajoute la lutte pour
la libération nationale des peuples. Dès lors, Lucie n'a qu'un rêve : partir à
Cuba. Elle ne sait pas encore qu'elle y fera la rencontre d'un certain Fidel
Castro...
Commentaire:
J'ai lu ce roman dans le cadre du Grand Prix des Lectrices
de Elle et il m'a été envoyé comme s'il s'agissait d'un roman. Mais il ne se
présente pas comme un roman classique car si nous avons bien l'histoire
romancée de la mère d'Evelyne Pisier, on trouve aussi des chapitres où c'est
l'éditrice Caroline Laurent et amie de l'auteur qui s'exprime. Cet ouvrage à
deux voix m'a un peu perturbée au départ car je trouvais que cela créait des
ruptures dans le récit. Puis j’ai vu ces pauses comme une respiration, comme un
moyen donné à la lectrice que je suis de réfléchir. J’ai beaucoup pensé à ma
propre mère (comme le fait aussi Caroline Laurent) en lisant cet ouvrage, elle
était de la génération d’Evelyne, de celle qui, peu à peu, a obtenu la
possibilité de maîtriser son corps, de travailler sans avoir à demander l’autorisation
de son mari, d’ouvrir un compte et de posséder un chéquier. Toutes ces choses
qui nous semblent tellement aller de soi aujourd’hui, tellement banales. C’est
pour cette raison que j'ai beaucoup aimé le roman tout en ayant une préférence
pour la partie consacrée aux années de
mariage de Mona (la mère d’Evelyne) notamment quand elle vit en Indochine puis en
Nouvelle-Calédonie, car on y aborde à la fois la fin de la colonisation et la
condition féminine de l'époque où une épouse avait à peine le droit de penser
par elle-même. J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt sa prise de conscience d’être
mariée à un tyran domestique, son départ pour la France et tout le travail qu’elle
a fait pour se construire une nouvelle identité. C’est donc un magnifique
portrait d’une mère à la fois exaspérante et attachante qui nous est donnée à
lire, le portrait d’une femme qui se constitue en tant qu’être humain et non
plus épouse de. Je vous le recommande.
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