La descente
Les rocheuses ont envoûté les Courtland, une famille des
plaines qui a décidé d’y passer ses vacances d’été avant la rentrée prochaine
de leur fille à l’université. Pour Caitlin, dix-huit ans, les montagnes
constituent le meilleur entraînement pour son cœur d’athlète, tandis que ses
parents espèrent que tant de beauté et de grandeur sauront recoller les
morceaux entre eux. Mais lorsque Caitlin et son jeune frère, Sean, partent pour
un jogging matinal et que Sean est le seul à revenir, les montagnes basculent
soudain de majestueuses à terrifiantes. La famille plonge dans le genre de
cauchemar dont elle n’avait jusque-là entendu parler que dans les journaux ou à
la télévision.
Alors que leur monde se délite, les Courtland sont entraînés
dans un tourbillon d’effroi et de culpabilité. La disparition de Caitlin,
d’autant plus dévastatrice qu’elle demeure inexpliquée, marque le début pour
chaque membre de la famille d’un douloureux cheminement sur des voies de plus
en plus divergentes et solitaires. Leur impuissance à tous génère les mêmes
questions en boucle : À quel moment une famille décide-t-elle d’interrompre les
recherches ? À quel moment une fille cesse-t-elle de se battre pour rester en
vie ?
Commentaire :
Quand on lit le résumé, on pense dans un premier temps que
le roman va démarrer au moment où Caitlin disparaît. Mais en fait, l’histoire
commence presque deux ans après et la famille Courtland est complètement
détruite. Leur descente en enfer a déjà eu lieu. Le couple a explosé :
Grant le père vit dans le Colorado de petits travaux, il s’est installé chez un
veuf Emmet qui lui loue une bicoque avec qui il a sympathisé allant même
jusqu’à le soutenir quand le fils de ce dernier – Billy- débarque pour semer le
trouble ; Angela la mère a sombré dans la dépression et vit chez sa sœur.
Quant à leur fils Sean, il a fini par quitter père et mère pour traîner sa
culpabilité sur les routes à bord d’une camionnette dans le vague but de retrouver
sa sœur. La seule chose qu’il trouve, ce sont des ennuis judiciaires qui lui
valent un court séjour dans une cellule avant d’être récupéré par Grant.
Comment faire pour continuer à vivre quand on ne sait plus
rien de celle qui a disparu et dont on est persuadé qu’elle est encore en
vie ? C’est ce que raconte ce roman très beau, très fort qui mêle
plusieurs voix même si l’auteur a fait des choix. On n’entend presque pas la
mère, c’est dommage d’ailleurs, qui peine à reprendre une vie. Le roman se focalise surtout sur Grant et sur
Sean, un père et un fils tendus vers le même but –retrouver Caitlin- mais
incapables de communiquer et de s’aider. Chacun vit dans sa bulle de solitude
et tente à sa manière de survivre.
Survivre c’est là l’idée forte du roman. On le comprend
quand on s’aperçoit que Caitlin est toujours vivante, retenue prisonnière dans
une cabane perdue dans les hauteurs des Rocheuses. Enchaînée, isolée, Caitlin
compte les jours ; ceux où son ravisseur qu’elle surnomme le Singe, vient la
voir ; ceux qu’elle passe seule, cherchant désespérément à se débarrasser de
cette chaîne rêvant du moment où, enfin libre de ses fers, elle pourra
effectuer la descente de cette montagne qui la retient loin des siens.
Il règne un certain désespoir durant la plus grande partie
de ce roman. Que ce soit Grant, Sean ou Caitlin, on a l’impression qu’ils sont
condamnés à passer le reste de leur
existence dans une souffrance morale et physique intenables d’autant qu’ils ne
sont pas si loin des uns des autres. Et au moment où le lecteur perd lui-même
espoir, on assiste enfin à un miracle. Ce qui est surprenant, c’est que le
miracle survient en la personne de Billy, jusque- là peu recommandable et
antipathique qui, en l’espace de quelques pages, devient un héros. Une
véritable rédemption pour ce personnage mal-aimé (à la fois de son père et du
lecteur).
Le rythme de ce roman est lent, il faut s’accrocher au début
car on ne voit pas où on va, un peu à l’image des Coutland qui naviguent sans
boussole depuis la disparition de leur
fille et sœur. Mais une fois que vous avez pris un rythme de croisière, on se
laisse emporter dans ce drame.
Dernière information:
Définir ce roman comme un thriller me paraît une erreur, certes c'est sombre mais on n'a pas le côté horrifique, sanglant qu'on peut trouver dans ce type d'histoire.
Merci à Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce livre.
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