La Tête et le cou

J'ai découvert cet essai par l'intermédiaire du magazine Elle car j'ai été sélectionnée comme jury du Grand Prix des Lectrices Elle pour 2018. Chaque mois on reçoit une sélections de livres à lire: un roman policier, un roman et un essai. Cet ouvrage de Maureen Demidoff fait partie de la première sélection reçue en Août.Si vous vous demandez ce que signifie ce titre, lisez donc la citation ci-dessous:


Les Romains disaient que l'homme est la tête et la femme est le cou. La tête ne bouge que grâce au cou qui la commande, et ne regarde que la direction que le cou indique. C'est un proverbe largement répandu en Russie...


Cet ouvrage sur trois générations de femmes russes est à lire. C’est la société russe qu’on découvre ; une société heureuse malgré l’absence de libertés durant les années de l’ère communiste ; une société qui perd ses repères durant les années de transition qui ont suivi l’effondrement du communisme ; et une société pleine de doutes et d’espoirs depuis l’arrivée de Poutine au pouvoir. « Je pense que les Russes ne savent pas vivre sans un pouvoir fort et qu’ils ont besoin d’être dominés ». Cette phrase est dite par Elena D, une des femmes qui se sont confiées à l’auteur. Et je trouve qu’elle résume bien le livre. Quelle que soit la femme qui est interrogée, quel que soit son âge, j’ai été frappée par le fait que toutes (à deux exceptions près) souhaitent une vie patriarcale où l’homme serait le dominant dans le couple et dans la famille, alors que ce modèle est obsolète et qu’elles –mêmes disent plus loin qu’elles ne supportent pas l’idée d’être dominées et, surtout, qu’elles parlent toutes des hommes en termes peu flatteurs. Doux euphémisme quand on voit qu’à leurs yeux les hommes russes sont faibles, alcooliques, absents. Elles ne leur laissent aucune chance d’ailleurs de pouvoir exister en tant que mari ou père. Il est vrai que les deux guerres mondiales ajoutées aux années de révolution et de répression stalinienne ont eu pour conséquence une baisse de la population masculine et que de nombreuses femmes se sont retrouvées veuves ou seules et qu’elles ont dû assumer l’éducation de leurs enfants. Du coup, elles idéalisent l’homme viril, un Poutine multiplié à l’infini (au secours !) qui saurait diriger leur vie et surtout prendre soin d’elle. Si toutes les femmes russes pensent comme elles, inutile de se dire qui sera élu en 2018 ! Pour se rassurer, on peut se dire que l’auteur a interrogé une poignée de femmes, toutes sans hommes et qu’on ne peut pas tirer de conclusion générale à partir de cas particuliers. Ceci dit, je vous recommande cet ouvrage ne serait-ce que parce qu’ils parlent de femmes qui vivent sur le même continent que nous.



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