Nulle part sur la terre

Une femme marche seule avec une petite fille sur une route de Louisiane. Elle n'a nulle part où aller. Partie sans rien quelques années plus tôt de la ville où elle a grandi, elle revient tout aussi démunie. Elle pense avoir connu le pire. Elle se trompe.
Russel a lui aussi quitté sa ville natale, onze ans plus tôt. Pour une peine de prison qui vient tout juste d'arriver à son terme. Il retourne chez lui en pensant avoir réglé sa dette. C'est sans compter sur le désir de vengeance de ceux qui l'attendent.
Dans les paysages désolés de la campagne américaine, un meurtre va réunir ces âmes perdues, dont les vies vont bientôt ne plus tenir qu'à un fil.




Commentaire :
Ce roman fait partie de la sélection octobre du Grand Prix des Lectrices de Elle. Et c'est à ce titre que je l'ai lu et j'en remercie la direction de Elle. 
« Nulle part sur la terre » est présenté comme un roman policier mais il n’en a pas le schéma classique c’est-à-dire celui où un policier enquête sur un meurtre, accumule des indices et arrête le meurtrier ou la meurtrière, tout dépend des circonstances. Dans ce cas bien précis,  je parlerais plutôt d’atmosphère policière dans la mesure où  un des personnages principaux commet bien un meurtre, un flic déroule bien une enquête mais la ressemblance avec toute enquête policière s’arrête là. 
Le meurtre de ce policier ripoux soit-dit en passant n’est qu’un prétexte, un catalyseur qui nous mène à des drames humains autrement plus forts que cette mort.  Ce qui intéresse l’auteur c’est de nous faire suivre les destins d’une femme et de quelques hommes : Maben, Russel, Larry, Walt. Tous sont liés par un accident qui a eu lieu il y a onze ans et qui a changé leur vie, celui qui a provoqué la mort d’un fils Tisdale.  Maben qui connaissait la victime  a erré ensuite de ville en ville, traînant son désespoir derrière elle et puis elle revient à McComb, toujours aussi fragile et perdue. Russel a passé onze ans en prison pour avoir provoqué l’accident, et on le voit rentrer chez lui ; à peine arrivé il est tabassé par  Walt et Larry, les frères Tisdale . Ah Larry ! Un personnage odieux, raciste, brutal, alcoolique, divorcé avec interdiction d’approcher son fils, rancunier et prêt à tuer Russell. Du moins c’est ainsi que je le vois car l’auteur ne porte pas de jugements sur ses personnages, il se contente de nous les montrer se débattant comme ils peuvent pour survivre. Ils sont faibles, impuissants, désespérés, violents… Ils se croisent, parlent entre eux, se battent mais au bout du compte ils sont seuls. La fin même du roman ne nous offre pas d’épilogue heureux. C’est ainsi qu’est la vie. L’écriture puissante et évocatrice de Smith nous accompagne dans ce roman : peu de dialogues, de longs passages méditatifs dans lesquels entre autres,  Russel erre dans la campagne à bord de sa voiture. Une sorte de « On the road » mais en plus désespéré. Non ce roman n’a rien d’un policier mais il m’a beaucoup plu.

Dernière information:

Michael Farris smith s'est fait connaître du grand public grâce à un premier roman "Une pluie sans fin", un roman post-apocalyptique qui se déroule en Louisiane. Ce qui lui a valu d'être comparé à Cormac McCarthy, auteur entre autres de "La Route" (roman qui m'a fait cauchemarder!!).

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