Le coeur battant de nos mères

 "Tous les grands secrets ont un goût particulier". Nadia a 17 ans et la vie devant elle. Mais quand elle perd sa mère et avorte en cachette, tout change. Elle choisit alors de quitter la communauté noire et religieuse qui l'a vue grandir. Boursière dans une grande université, Nadia fréquente l'élite. Elle a laissé derrière elle Luke, son ancien amant aux rêves brisés, et Aubrey, sa meilleure amie. Durant une décennie marquée des affres de la vie, les trajectoires des trois jeunes gens vont se croiser puis diverger, tendues à l'extrême par le poids du secret.  


Commentaire:

J’ai lu ce roman dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle et je remercie d’ailleurs le magazine de m’avoir permis de le découvrir. « Le cœur battant de nos mères », quel titre évocateur !,  me suis-je dit au premier abord, on va parler d’amour maternel sans doute !,  ai-je pensé ensuite. Mais de cœur et de mère, il n’y en a pas beaucoup dans ce livre. Les trois protagonistes principaux en sont privés, et ce à différents degrés. Nadia Turner n’a plus de mère depuis que cette dernière s’est suicidée sans laisser aucune explication. Ce deuil va l’accompagner durant sa jeune vie d’adulte et va se doubler d’un autre deuil, celui de l’enfant qu’elle n’aura jamais et qu’elle ne parvient pas à oublier. D’où son incapacité à se fixer quelque part et avec quelqu’un.  De son côté, Luke qui a eu une liaison cachée avec Nadia, ne s’en sort pas mieux : sa carrière de footballeur professionnelle s’est évaporée le jour où il a eu une fracture de la jambe, il n’a pas su assumer son amour pour Nadia et encore moins sa décision d’avorter. C’est sa mère qui va agir pour lui mais plus parce qu’elle tient à sa réputation que pour aider son fils. Cet amour inavoué et cet enfant fantôme sont deux secrets qui vont peser lourd sur le reste de sa vie. Enfin, nous avons Aubrey Evans qui m’a semblé  au départ la plus équilibrée des trois jusqu’à ce que je comprenne que sa vie avec sa mère, l’empêche de mener pleinement la sienne. De plus, par rapport à Luke et Nadia, elle est le dindon de la farce. On le voit, les trajectoires de ces jeunes gens sont tortueuses et les mènent, pour deux d’entre eux, dans des impasses. Pour autant, je n’ai pas été particulièrement emballée par ce roman. Ce qui m’a gênée, c’est le chœur de paroissiennes qui introduit chaque chapitre, ce « nous » qui s’exprime et annonce les événements à venir,  résonne comme la chronique d’un malheur annoncé, comme les trompettes d’une  tragédie, tout ça  pour accoucher d’une fin décevante et peu glorieuse. Sans parler du fait que ces voix ralentissent la narration. Les personnages ne rattrapent pas cette impression mitigée et notamment les hommes. Mon dieu qu’ils sont faibles dans cette histoire : entre le père de Nadia, sourd et muet devant la douleur de sa fille, le pasteur Sheppard qui s’incline devant sa femme et Luke qui oscille entre lâcheté et gros mensonges, on peut dire que l’auteure ne va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit de parler des hommes. En conclusion, je dirais que c’est un livre au titre prometteur mais qui ne tient pas ses promesses.

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