Les soeurs Brontë, la force d'exister

Les soeurs Brontë sont un mystère. Isolées du monde, filles d’un pasteur de village, elles ont révolutionné l’histoire littéraire en publiant, sous pseudonymes masculins, des romans brûlants d’amour et de vie comme Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent. Haworth, 1836. Dans les landes du Yorkshire, Charlotte (20 ans), Emily (18 ans) et Anne (16 ans) écrivent à la lumière de la bougie. Comment ces jeunes femmes de condition modeste, sans relations ni entregent, vont-elles devenir des auteurs qui comptent ? Quel rôle tient leur frère Branwell, artiste raté, dans cette fratrie à la fois soudée et rongée par les non-dits ? Partie sur les traces des soeurs Brontë, Laura El Makki nous plonge dans leur intimité, leurs alliances, leurs déchirements, et nous raconte le destin de trois femmes aux prises avec l’adversité, qui ont su trouver en elles la force d’exister.



Commentaire:

J'ai lu cet ouvrage dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle.
Des trois sœurs Brontë, je connais surtout Charlotte pour son roman Jane Eyre que j’ai lu plusieurs fois, envoûtée par la description de la lande dans laquelle erre Jane ou les déambulations de la femme folle de Rochester à travers le château. C’est donc avec beaucoup d’anticipation que j’ai commencé la lecture de cet essai. Je n’ai pas été déçue, j’ai beaucoup aimé le parti pris de s’intéresser à la fratrie, de décrypter les relations étroites qui existaient entre les sœurs et le frère, du moins dans leur jeunesse quand ils se sont tous lancés dans l’écriture de mondes imaginaires. Ce qui était au départ un moyen de tromper l’ennui, est devenu un élément essentiel dans leur vie et a permis plus tard aux trois sœurs de faire connaître leur talent et leur univers poétique et romanesque. L’écriture leur a permis d’accepter une vie marquée par les deuils , les déceptions liées aux tentatives d’émancipation financières et familiales des uns et des autres, la maladie –la tuberculose- qui va emporter peu à peu tous les membres de la famille, épargnant on ne sait pourquoi le père. Laura El Makki fait revivre les complicités mais aussi les failles de cette fratrie : pauvre Branwell, instable et faible ; mystérieuse Emily qui refusait farouchement qu’on dévoile leur véritable identité ; discrète Anna que le monde connaît moins, à mes yeux la mal aimée de la famille ; curieuse Charlotte qui, restée la seule de la fratrie, se chargea d’évoquer ses soeurs en remodelant à sa guise leurs caractères et se permettant des jugements cinglants sur Anne par exemple. Au-delà de l’histoire des sœurs Brontë, c’est aussi l’évocation de l’Angleterre victorienne qui nous est contée. Naître fille et pauvre au 19ème était un double fardeau car les perspectives d’avenir étaient réduites. Sans l’écriture pour les sauver dans tous les sens du terme, que seraient-elles devenues ? Des gouvernantes à l’image de Jane condamnées à assister à des soirées cachées derrière un rideau et à supporter les remarques déplacées des invités de leur employeur sans doute… Je vous conseille la lecture de cet ouvrage bien documenté et agrémenté de références aux œuvres des sœurs Brontë. 

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