Stasi Child

Berlin-Est, hiver 1975. Sa loyauté envers le régime a toujours été totale. Lorsqu’elle est dépêchée près du Mur, pour examiner le corps d’une adolescente abattue par balle, le lieutenant Karin Müller ne pense qu’à remplir son devoir. Au premier abord, tout ressemble à un fait tristement ordinaire : la jeune victime a tenté de fuir vers l’Ouest, dans l’espoir de trouver un avenir meilleur de l’autre côté du Mur. Sauf que les empreintes dans la neige racontent une tout autre histoire. À l’image de ces traces de pneus, appartenant à une voiture en provenance de la plus haute direction du pays. Pourquoi la victime essayait-elle de rejoindre à tout prix la partie est du pays ? Et que se passe-t-il vraiment dans cet institut de redressement pour jeunes d’où elle venait de sortir ? Malgré les ordres de ses supérieurs qui cherchent à étouffer l’affaire, la policière persiste et poursuit ses recherches. Mais parfois, rien n’est plus dangereux que de poser des questions. 



Commentaire:

Le roman se déroule en pleine Guerre froide et c’est l’occasion de (re)découvrir une époque faite de paranoïa et de surveillance des  citoyens est-allemands, enfermés derrière leur mur selon la formule de Kennedy. Karin Müller est inspectrice et, un matin, elle est appelée à se rendre le long du Mur de Berlin où on a trouvé un corps de jeune fille. Tout semble croire à une tentative de fuite qui s’est terminée tragiquement.  Mais la position du corps, l’état du corps (son visage a été rendu méconnaissable) laisse à penser que l’affaire est beaucoup plus compliquée. D’ailleurs, sur les lieux, Müller et son adjoint Tilsner font connaissance avec un représentant de la Stasi –le lieutenant-colonel Klaus Jäger – qui leur annonce d’emblée qu’ils mettent les pieds dans un panier de de crabes  mais qu’ils vont devoir tout de même enquêter et  rendre des comptes à lui seul.  Et effectivement, très rapidement les deux inspecteurs vont voir se dresser devant eux des chausse-trappes car les recherches pointent du doigt la responsabilité de dignitaires de la Stasi. Ainsi qu’un centre de redressement d’où venait la victime. Engluée dans une histoire qui la dépasse, Karin ne peut pas compter sur Jäger qui la manipule ou Tilsner son adjoint au comportement parfois étrange. Sans oublier que son mari est arrêté par la Stasi et tenu au secret dans une prison.  Il serait un ennemi de l’Etat et si Karin veut rester à son poste, elle va devoir divorcer et, surtout, se démettre de l’affaire. Au-delà d’une enquête à rebondissements, c’est  le contexte historique qui est intéressant dans ce roman. Qu’importe qui est le coupable du moment qu’il est politiquement correct, et s’il faut fabriquer de fausses preuves, alors on n’hésite pas à le faire. Car dans ce monde merveilleux du communisme, il est impossible que des dignitaires de la Stasi ou de du pouvoir soient coupables. Le penser est déjà un acte de trahison. Bienvenue donc dans ce monde  où votre voisin, votre ami ou un membre de la famille peut travailler pour la Stasi, où les méchants ne sont pas forcément punis et où les éléments marginaux sont impitoyablement éliminés.

Dernière information:

Pour les jeunes lecteurs qui n'ont pas vécu la Guerre froide, qui n'ont pas connu un monde bipolaire, il est intéressant de lire ce roman. La description de la société est-allemande, les relations entre les citoyens faites de méfiance et de non-dit, le poids de la Stasi dans les moindres interstices de la vie des allemands sont des éléments clés pour comprendre l'idéologie communiste.

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