Ces rêves qu'on piétine

Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.
Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s’accrochant à ce qu’il leur reste de vie. Parmi ces survivants de l’enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d’une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d’un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d’un homme et le silence d’une femme : sa fille.
Elle aurait pu le sauver.

Elle s’appelle Magda Goebbels.


Commentaire:

En lisant ce roman, j’avais en tête un ouvrage de Joachim Fest « Les derniers jours de Hitler ». Quand je l’avais lu, j’avais été frappée par cette impression de fin du monde dans lequel se mouvaient les derniers dignitaires nazis qui n’osaient pas quitter leur maître. L’impression d’une spirale de folie qui a conduit les plus proches de Hitler à se suicider. Dans leur arrogance, il n’était pas question de se rendre. Le roman de Spitzer m’a plongée à nouveau dans cette sensation mortifère de fin de règne.  Pendant que Magda Goebbels se rend dans sa dernière demeure, le bunker de la chancellerie, sur une route perdue dans la campagne, une file de survivants des camps d’extermination qui pensait sans doute échapper à la mort, est poussée dans une grange. Parmi eux Aimé qui a passé 28 mois, 3 semaines et 4 jours en camp. Il meurt mais le manuscrit qu’il gardait dans son habit est sauvé. Son premier propriétaire est mort depuis longtemps et il est passé entre les mains de nombreux hommes et femmes. A chaque fois, ils ont écrit pour raconter qui ils étaient,  pour que le monde se souvienne d’eux, pour qu’un jour le manuscrit parvienne à une seul destinataire qui devra rendre des comptes : Magda Goebbels.
 Ce n’est pas un roman sur elle comme j’avais pensé au début. Certes, Spitzer évoque le destin de cette femme, née de père inconnu, qui s’est hissée jusqu’à la plus haute marche du trône, juste en dessous de son idole et qui a préféré tuer ses enfants et se suicider ensuite plutôt que de vivre dans un monde sans Hitler. C’est plutôt  le roman d’une période qu’on voudrait oublier mais qui se rappelle à nous en ce moment quand on regarde ce qui se passe en Europe. C’est bien pour cette raison qu’il faut le lire pour se souvenir que « le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde ».  C’est un roman bien écrit de surcroît : l’écriture est fluide, belle aussi parfois, évocatrice surtout. C’est un roman qui vous tient en haleine et vous habite une fois le livre refermé.

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