Summer
Lors d’un pique-nique au bord du lac Léman, Summer, dix-neuf
ans, disparaît. Elle laisse une dernière image: celle d’une jeune fille blonde
courant dans les fougères, short en jean, longues jambes nues. Disparue dans le
vent, dans les arbres, dans l’eau. Ou ailleurs ?
Vingt-cinq ans ont passé. Son frère cadet Benjamin est
submergé par le souvenir. Summer surgit dans ses rêves, spectrale et gracieuse,
et réveille les secrets d’une famille figée dans le silence et les apparences.
Le roman Summer
résonne comme un écho en ce moment avec
le fait divers qui a eu lieu en Isère. C’est donc un thème délicat et
bouleversant qui est proposé par Monica Sabolo : la disparition d’êtres
aimés et les jours interminables qui s’ensuivent sans réponses, sans certitude
et sans deuil possible tant qu’on ne
retrouve pas de corps. Je m’attendais à être emportée dans un tourbillon d’émotions
sans tomber dans le misérabilisme ou le voyeurisme. Eh bien non ! S’il fallait
parler de sentiment, je dirais que c’est plutôt l’ennui qui m’a pris en lisant
les chapitres ; un ennui poli car j’ai lu jusqu’au bout et que je ne peux
pas dire que ce roman est mauvais. L’écriture est poétique, c’est vrai, même si
l’emploi répété d’images métaphoriques liés à l’eau vous donne envie de
dire : « C’est bon, on a compris l’allusion de l’eau qui emporte tout
sur son passage, noie les illusions comme les personnes. » Je ne sais pas
pourquoi mais j’ai pensé à ce film « La nuit du chasseur » où on
aperçoit le corps de Shelley Winters au fond de l’eau, les cheveux ondulant
dans le courant, chaque fois que Monica
Sabolo employait cette figure de style aquatique ! Mais mise à part cette
belle référence, ce qui m’a gênée c’est
le choix de la focalisation interne. Toute l’histoire est racontée selon
l’unique point de vue du frère de Summer, seul Benjamin s’exprime : qu’en
est-il de la mère, du père ? Certes on les voit agir, parler mais c’est
par le biais des souvenirs de Benjamin, de sa perception des autres. On
n’entend pas la mère ou si peu ; quant au père, on aurait voulu qu’il
parle. L’intrigue me semble déséquilibrée aussi : une première partie
interminable durant laquelle Benjamin revient sur les heures, les jours, les
semaines, les années qui ont suivi la disparition de sa sœur. Des pages et des
pages où on voit qu’il a souffert (mais
qui ne le serait pas, me direz-vous) mais moi, j’y ai lu surtout de
l’auto-apitoiement. Car finalement c’est sur lui qu’il pleure, pas tellement sur sa sœur disparue, ou sa
mère de plus en plus frêle. Et puis une deuxième partie trop rapide avec un
inspecteur qui arrive un peu comme un deus ex machina et qui permet à
l’intrigue de déboucher sur une fin certes dérangeante, mais frustrante.
Benjamin retrouve sa sœur, très bien mais que fait-on du père ? Je sais
que c’est une fiction mais cela m’ennuie que celui-ci échappe à toute justice.
En conclusion, un roman sans réelles saveurs.
Dernière information:
J'ai lu ce livre qui m'a été envoyé par le magazine Elle dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle auquel je participe (avec bonheur d'ailleurs).
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