la chambre ardente
À 56 ans, Miles Despard décède d'une gastroentérite mal
soignée. Son corps est placé dans le caveau familial où reposent déjà neuf
générations, au milieu du parc de sa propriété, à Crispen. Mais une rumeur
laisse entendre que sa mort n'est pas naturelle. Mark, son neveu, propose à un
intime de la famille, le docteur Partington, d'effectuer une autopsie.
Une nuit, accompagné du gardien de la propriété et d'un ami
écrivain, Edward Stevens, il procède à l'ouverture du cercueil. Le cadavre a
disparu alors que le caveau était scellé. Mieux, l'épouse du gardien prétend
avoir entendu Miles converser avec une femme la nuit de son décès.
A-t-elle eu des visions en affirmant que celle-ci a traversé
le mur, costumée en Marquise de Brinvilliers ? Faut-il encore croire aux
fantômes ? Ce récit, qui mêle habilement mystère et fantastique, reste le plus
célèbre de John Dickson Carr. Publié en 1937, ce chef-d'oeuvre, qui n'a pas
pris une ride, offre deux problèmes de chambre close qui raviront les amateurs.
Commentaire:
John Dickson Carr est passé maître dans l’art de raconter
des histoires de meurtre se déroulant exclusivement ou presque dans des pièces
closes. Cette chambre ardente propose au lecteur non seulement un cas mystérieux d’assassinat
mais aussi une touche fantastique. L’action se déroule en 1929 et Edward
Stevens rentre chez lui rejoindre sa femme bien aimée. Cet homme qui travaille
dans l’édition a dans sa sacoche un manuscrit rédigé par un certain Gaudan
Cross, écrivain prolixe mais que personne ne connaît, sur des procès criminels
célèbres. En feuilletant le manuscrit, Stevens tombe sur le cas de Marie
d’Aubray, guillotinée pour meurtre en 1861, qui ressemble comme deux gouttes
d’eau à sa femme. Il n’a pas le temps de
s’interroger sur cette ressemblance troublante qu’il arrive enfin chez lui.
Mais il est dérangé par son voisin –Mark Despard- qui vient le voir car il est
persuadé que son oncle, récemment enterré, a été assassiné. Empoisonné par une
femme mystérieuse, aperçue seulement quelques instants par la gouvernante qui
se trouvait sur le palier, femme qui se
serait volatilisée soudainement. Stevens n’est pas au bout de ses peines car,
après la mystérieuse visiteuse, il y a le corps de Miles Despard qui disparaît,
des télégrammes envoyés par un inconnu, des témoignages qui tous,
malheureusement, semblent poindre du doigt sa propre femme, Marie.
La construction de ce roman est très classique et ressemble
à ce que l’on trouve chez Agatha Christie : un meurtre, des coupables
potentiels et un détective qui en trois coups de cuiller à pot, nous dit qui
est coupable et pourquoi il/elle a commis ce meurtre. Certes mais cette lecture
réserve des lots de surprise et le récit, très fluide, est agréable à
lire. J’ai bien aimé l’intervention de
Gaudan Cross, le fameux écrivain dont Stevens lit le manuscrit au début du
roman, qui surgit à la demande de Marie. C’est lui qui, après avoir rassemblé
tout le monde dans une pièce, débroussaille l’affaire et livre le coupable.
Mais ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’est l’ambiance fantastique qui
plane dans cette histoire. L’ombre de la
Brinvilliers –vous savez, cette célèbre empoisonneuse du 17ème
siècle- se faufile dans le manoir
des Despard et dans l’esprit du lecteur.
Surtout quand on lit dans les dernières pages. Assurément La Chambre ardente
est une réussite.
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