En camping-car
Le camping-car nous a
emmenés au Portugal, en Grèce, au Maroc, à Tolède, à Venise. Il était pratique,
génialement conçu. Il m'a appris à être libre, tout en restant fidèle aux
chemins de l'exil. Par la suite, j'ai toujours gardé une tendresse pour les
voyages de mon enfance, pour cette vie bringuebalante et émerveillée, sans
horaires ni impératifs. La vie en camping-car.
Dans ce livre, Ivan Jablonka esquisse une socio-histoire de
son enfance, transformant l’autobiographie en récit collectif, portrait d’une
époque.
Commentaire:
Entre 1982 et 1988, la famille d’Ivan Jablonka a exploré l’Europe
du Sud, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à bord d’un camping-car, un combi
Volkswagen Transporter T3 Joker Westfalia de couleur beige durant leurs
vacances d’été.
Sept étés merveilleux à une époque où il n’y avait pas
Internet, les téléphones portables, les Nintendos ou autres écrans pour captiver
les enfants au détriment du paysage. Sept étés merveilleux où l’auteur a connu
la liberté de s’arrêter où bon leur semblait, d’organiser leurs journées
comme ils le voulaient, de s’amuser, de
nager, de visiter ou non les monuments, de bouder, bref, de profiter d’heures
pleines sans contraintes. Sept étés merveilleux qui lui permettront plus tard
de prendre conscience que ces voyages ont été ses humanités et qu’ils ont fait
de lui l’être cultivé et instruit qu’il est.
Je n’ai pas parcouru l’Europe du sud, encore moins l’Afrique
du Nord et le Moyen-Orient. Je n’ai pas campé avec mes parents pour la bonne
raison que même avant leur divorce, mes parents ne passaient pas leurs vacances
ensemble, alors camper ! Par contre, je me souviens de l’été 1981, des six
semaines passées en Italie et surtout du voyage de retour en 4L en une journée
(Florence-Joigny dans l’Yonne en une seule étape) avec à l’arrière ma sœur qui
passait ses cassettes d’Yves Duteil à fond. Et pour ne pas être en reste, je
chantais Malicorne ou Anne Sylvestre. « En
camping-car » m’a rappelé ces instants bénis de mon enfance et de mon
adolescence, et dans une moindre mesure, cette sensation de liberté. Pas d’heures,
pas d’obligations, pas de devoirs, juste la possibilité d’infinis. J’ai bien
conscience que ma critique est très subjective mais l’ouvrage de Jablonka m’a
fait penser à « Je me souviens » de Georges Pérec où, derrière les
souvenirs personnels de l’auteur, se cachent les nôtres. On ressent la même
chose en lisant « En camping-car ». Ce qui explique pourquoi j’ai
pris du plaisir à le lire. Pourquoi lit-on ? Pour se retrouver parfois, ce
fut le cas avec cet ouvrage. Je remercie les éditions Seuil et le magazine Elle
de m’avoir fait ce plaisir.
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